mardi 2 mars 2010

L'église Sainte Marie d'Amans

Le site d’Amans semble avoir été occupé dès le début de notre ère. En effet, des prospections archéologiques récentes  ont  permis d'établir qu'un vaste domaine agricole gallo-romain s'étendait là, dont le centre avec sa  villa, se situait à quelques centaines de mètres de l'église actuelle. Le nom d'Amans  provient certainement d'ailleurs de cela : Mansio villa.


  Les prospections attestent de l'importance et de la richesse du domaine puisque ont été mis au jour des éléments de structures thermales, de nombreux tessons d'amphores, des tesselles de mosaïques et des fragments de céramique sigillée.
Le domaine semble avoir été à son apogée au IIème siècle ap. J.C puis décline à partir du  IV ème avant d'être la proie de destructions dues aux différentes hordes d'envahisseurs,  dont les Wisigoths, qui établirent au VII ème siècle une colonie dans le bourg tout proche de Goulens, qu'ils fondèrent.
Dès lors selon un schéma très classique, la population de l'ancien domaine agricole gallo-romain se regroupa pour former un petit village féodal, autour d'un castrum érigé sur une motte à quelques mètres de la villa. La première église d'Amans date vraisemblablement de cette période.


Nous avons confirmation de son existence par une charte datée de la fin de l'été 1062, par laquelle Hunald, vicomte du Brulhois, fait don aux monastères de Cluny et de Moissac de l'église de Layrac et d'autres églises de la région qui en dépendent, dont Amans : " Dono etiam et alias ecclesias, …… Sancte Mariae de Mansonvilla …."
Cette donation fait suite à l'entrée d'Hunald dans les ordres, à l'Abbaye de Moissac, en 1060. Conformément à la règle bénédictine, il renonce à ses biens de la vicomté du Brulhois et en fait don à son supérieur, Hugues, Abbé et prieur de Cluny.

L'édifice actuel, semble légèrement postérieur à cette période, du moins  son chœur, de style roman, qui date certainement de la fin du XI, début du XII, comme l'attestent les deux magnifiques chapiteaux romans, situés de part et d'autre de l'arc triomphant de ce chœur.


Subsiste également, l'abside, presque carrée, couverte d'une voûte en berceau brisée, sans doubleaux intermédiaires.
La nef et le clocher, maintenant en ruines, sont plus tardifs.
Le clocher était un "clocher-mur", typique dans la région. Il devait être un tiers plus haut que la toiture de la nef, comme l'atteste le dessin ci-dessous, conservé aux Archives Départementales :


L'église apparaît sous Notre-Dame d'Amans dans le pouillé de Jean de Valier de 1520, recensant les biens du diocèse d'Agen  (Archives  Départementales du Lot-et-Garonne, GG 1) et dans les comptes de la décime de 1604, du diocèse de Condom, sous le vocable de Saint-Aignan d'Amans (Archives Départementales du Gers, G 59) Elle semble alors fonctionner avec celle de Saint Pierre de Goulens.

L'église a été inscrite à l'Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques le 19 octobre 1954.

La paroisse a été en activité jusqu'à la seconde guerre mondiale, puis fut regroupée avec celle de Goulens. L'église est déjà en piteux état dans les années 1950, d'où son classement.
Un habitant d'Amans, A.L., témoigne que lors de son retour de la guerre d'Algérie (1962) il retrouva son église avec le toit et la charpente de la nef effondrés. A partir de ce moment là, l'édifice tomba rapidement en ruines. Le Conseil Municipal de l'époque ne jugea pas bon de le restaurer et de le sauvegarder. Il contribua même à sa ruine en vendant les carreaux du pavement de la nef et de nombreux éléments architecturaux, dont le portail d'entrée, au propriétaire du château d'Ampelle, situé dans le département voisin du Gers, sur la commune de Pergain-Taillac. L'église étant bien mutilée, de nombreuses pierres furent ensuite "récupérées" à leur tour par les habitants du coin.

A noter enfin qu'il subsiste de cette église un fort intéressant bénitier creusé dans le chapiteau d'une colonne de style ionien  romain, à feuilles d'acanthes, qui avait probablement été récupéré lui aussi par les hommes du Moyen-Âge dans les ruines de la villa gallo-romaine.
Ce chapiteau bénitier est conservé à l'heure actuelle dans l'église Saint-Pierre de Goulens. Bousculé et renversé lors des récents travaux de remise aux normes électriques, il est maintenant fissuré et nécessite une restauration urgente.


( Cliquez sur les photos pour les agrandir. Images non libres de droits )

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonjour
J'ai découvert cette chapelle en ruine tout dernièrement. Compte tenu des briques et de leur couleur ocre que l'on trouve au niveau du toit, le plafond n'a t il pas été refait avant guerre?
Bravo pour votre blog.
Bernard