mardi 16 février 2016

L'église de Layrac en 1874

     A la fin du XIXème siècle, de grands travaux d'urbanisme se déroulent à Agen, à l'image de bien d'autres villes françaises. On perce le Boulevard de la République, puis le Boulevard Carnot modifiant ainsi totalement le plan d'une ville qui n'avait guère évolué depuis le Moyen-Age.

Les riches propriétaires de l'époque, négociants, industriels, gros commerçants ou vieilles familles agenaises en profitent pour se faire bâtir des hôtels particuliers dont certains sont parvenus jusqu'à nous sans grandes modifications. 

C'est le cas d'Alexandre J. *, qui fit fortune grâce à la fabrication d'engrais et qui fonda en 1866 la Droguerie Centrale du Sud-Ouest, aux côtés de Georges Thomas.
Il sollicita en 1874 l'architecte départemental Léopold Payen, afin qu'il lui dessine les plans d'une magnifique demeure, à la mesure de sa réussite sociale, située en plein centre d'Agen.
Ce dernier réalisera un édifice éclectique, comme cela se faisait souvent en cette fin de siècle, avec un toit à la Mansart  percé de lucarnes avec des mascarons d'inspiration Renaissance. A l'intérieur, le décor rappelle à la fois le style Louis XV pour les boiseries et le style Louis XVI pour les peintures.
La partie la plus remarquable de la demeure est la cage d'escalier monumentale, qui s'ouvre sur les paliers et les portiques à 2 colonnes du vestibule.



Elle est entièrement recouverte de panneaux de marbre de différentes couleurs et baigne dans la lumière grâce à trois fenêtres ornées de vitraux. 
Et c'est là où nous en arrivons enfin à l'église de Layrac ...

Les fenêtres sont de type Renaissance avec meneaux. 
Cela  a permis au maître  verrier de délimiter à chaque fois 8 panneaux, ornés différemment.




Les panneaux représentent des portraits d'illustres agenais (Jasmin, Lacépède, B. Palissy) ou de personnages historiques liés à notre région (Henri IV), alternant avec des vues de monuments d'Agen ou des alentours, réalisées selon la technique de la grisaille, très utilisée par les vitraillistes du XIXème siècle.
Il y a en tout 6 personnages et 12 vues de sites et monuments lot-et-garonnais, dont Layrac.
Les panneaux du haut s'ornent quant à eux des initiales des propriétaires.

Voici la fenêtre dans laquelle figure le panneau de l'église de Layrac: 




Cette représentation est très intéressante d'un point de vue historique, car on peut imaginer qu'elle a été faite grâce à des observations ou croquis, eux-mêmes réalisés dans les années qui ont précédé l'édification de la maison, soit vers 1870-1872.



 Or la première grande campagne de restauration de l'édifice eut lieu en 1872-1874. Elle nous est largement décrite par l'Abbé Dubourg, alors curé de Layrac.
C'est à cette époque que l'on modifia le transept sud. Le mur, en mauvais état et à l'équilibre instable, fut reconstruit ; On remplaça son ouverture semi sphérique par une rosace et l'on recentra la porte, pour rendre l'ensemble plus esthétique.
Le vitrail de la maison reproduit ce côté de l'église avant ces transformations : 




On peut aussi y remarquer la présence des pots à feu entourant le dôme, maintenant disparus. Dôme qui est lui-même plus plat et moins haut que l'actuel, refait en béton armé dans les années 1933-1935.
L'ouverture du transept n'était pas centrée, comme maintenant. Elle permettait, depuis l'église,  l'accès au cimetière dont on voit le mur en bas à gauche. L'autre mur, près duquel se tient l'homme à la canne, entourait ce qui était alors le jardin du curé. Le cimetière fut déplacé en 1880, pour être transféré à la sortie du village et laisser la place, quelques années plus tard, à l'école. 

Voici maintenant une photographie prise quelques années après, vers 1900. 



On y voit bien la transformation du transept. Le jardin du curé est toujours là... mais pas le mur du cimetière, qui a fait place à la grille de l'école.


* Sa maison étant privée et ne se visitant pas, nous avons choisi de ne faire figurer que l'initiale du nom.




(vous pouvez cliquer sur les images pour les agrandir.)


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